Enfin de retour, après deux mois super mouvementés... Pffffff...
Ça a été épique, croyez-moi...
Vous ne me croyez pas ?
Okay, alors je vous raconte...
Tout a commencé à cause de ce long machin plat sur lequel ma maîtresse passe ses journées à produire ce petit cliquetis intriguant... Elle appelle cela écrire des romans ; moi j'appelle ça créer un loisir inutile... Pffff... Ma maîtresse, elle aurait mieux fait de jouer à la ficelle avec moi, au lieu de tapoter sur son machin à produire des pages et des pages de feuilles blanches remplies de lignes noires discontinues...
Bref, je m'ennuyais ferme.
Et comme je m'ennuyais si sévèrement, elle a décidé qu'il fallait qu'elle trouve quelque chose pour m'occuper, parce que selon elle, je devenais apathique. Apathique, c'est quand on a plus le goût de rien ; si j'avais été humaine, sans doute aurais-je commencé à produire toute cette eau salée dont j'ai libéré ma maîtresse... J'avais plus envie de manger, et je passais mes journées à essayer de me suicider au sommeil : je dormais, dormais, dormais en espérant ne plus jamais me réveiller, pour rester prisonnière volontaire de mes rêves, remplis de jardin, d'exploration, d'aventure, de chasse, bref, tout ce auquel je n'ai pas accès dans cet appartement où il n'y a même pas une plante en pot à mâchouiller.
Un matin, elle a pris ma laisse et mon harnais et elle est partie se promener toute seule, sans moi. J'étais triste, mais triste... Voilà qu'à présent elle partait en ballade sans moi !
En fait, elle est allée dans un endroit qui s'appelle la SPA. Elle a rapporté des photos horribles de cet endroit, qui sent la détresse animale à plein nez, et ce n'est pas au figuré, j'ai eu l'occasion de la renifler sur celui qu'elle a ramené... Les deux que je vous mets ne sont pas très représentatives de ce qu'elle a vu là-bas : elle est revenue bouleversée... Et il y avait de quoi, vu ce qu'elle m'avait raconter : vingt à soixante chats par pièce, tous ou presque malades...
Triste, triste, triste.
Moi, je ne savais pas ce qu'elle fabriquait, vous comprenez... Tout ce que j'ai vu, quand elle est revenue en fin d'après-midi, c'était qu'elle avait rapporté un truc.
Une boite en plastique, avec une porte grillagée, et à l'intérieur...
Une chose horrible, poilue, touffue, même, puante, ET... Rousse, par dessus le marché !
Elle avait ramené un chat ! Sur mon territoire ! Quel scandale !
Autant vous dire que moi qui avais jusque-là ma maîtresse pour moi et moi seule, des croquettes pour moi et moi seule, des jouets pour moi et moi seule, un territoire, pour moi et moi seule...
BEN J'ETAIS PAS JOUASSE !
Il essayait constamment de faire ami-ami avec moi, ce sac à puces... Oui, à puces, parfaitement, car il en était gavé, de puces ! Même qu'il a fallut le traiter... Et par dessus le marché, il avait la diarrhée, qu'il m'a refilé, malgré le fait que ma maîtresse nous avait mis deux litières, parce que ce porc poilu immonde ET roux osait souiller la mienne, pour "marquer" son nouveau territoire, l'immonde salopard !
Nous avons passé plusieurs semaines à nous observer...
A tenter de nous apprivoiser...
Ma maîtresse avait choisi à dessein le chat le plus affectueux qu'elle avait trouvé là-bas, ce qui fait qu'en plus, ce monstre poilu ET roux essayait constamment de me faire des bisous...
Quelle hérésie, un bisou de chat roux, sur mon beau pelage tout blanc, dont je suis si fière !
Quel scandale !
Ah non, vraiment ! ! ! Je n'étais pas jouasse !
Et puis...
Ben comme il était là, qu'au fil des jours que ma maîtresse chérie d'amour le brossait pour le débarrasser de ses catons, et de cette odeur de geôle et de promiscuité qui l'enveloppait constamment, qu'il n'avait pas mine de vouloir repartir pour le dépotoir à chats où ma maîtresse l'avait trouvé...
Nous avons fini par trouver un terrain d'entente.
Sur le lit de ma maîtresse, naturellement.
C'est la première chose que j'ai fini par accepter de partager avec lui.
Peu à peu j'ai cédé sur tout le reste...
Bon il faut dire que ma maîtresse l'a jouée fine, sur ce coup-là. Elle a fait très attention de nous témoigner autant d'attention à l'un qu'à l'autre, elle nous a imposé les mêmes règles, elle nous a ouvert l'appartement sur l'escalier pour grandir notre territoire... Elle a aussi été très strict sur les litières, n'hésitant pas à interdir la mienne à ce rouquin que je détestais, et qui était malade, par dessus le marché... Il m'a refilé le coryza, mais prévenante, ma maîtresse m'a soignée dès le tout premier symptôme.
Petit à petit, j'ai découvert les avantages qu'il y avait à avoir un second chat à la maison : double ration de croquettes, petits sachets de Fortiflora, un truc que j'adore, et que ma maîtresse nous procure quand même, même si ça lui coûte la peau de ses fesses rondes...
Il m'a appris aussi de nouveau jeux : il adore jouer des heures durant avec des bouts de fil électriques, que ma maîtresse nous achète tout spécialement au mètre en grande surface de bricolage. J'ai essayé, et depuis j'adore ça...
Tous les matins, et tous les soirs avant le coucher de ma maîtresse, nous jouons à chat, et ces poursuites me donnent le frisson de la joie...
Donc voilà, Autumn fait désormais partie de ma vie, et je suis contente, même si je le trouve encore un peu collant, quand même. Il est vraiment trop affectueux, le rouquin...
Mais bon. Il a doux caractère, après tout.
J'espère que sa diarrhée finira par lui passer, le pauvre.